On a beau dire, être enceinte, c’est quand même chouette. Lorsque c’est la première fois, c’est même carrément magique. Tu attends avec impatience la première écho, tu te rues dans les librairies pour acheter tous les guides possibles et imaginables, tu dévalises les boutiques…
Il y a l’annonce au papa aussi. Tu te casses la tête pendant des heures mais en général tu finis avec les traditionnels chaussons de gnome :
Et les premiers mouvements dans le ventre… Un peu déroutant certes (au début tu te demandes si c’est pas Valérie Damidot qui est en train de refaire la déco), mais tellement génial !
Et lorsque tu arrives à la fin du second trimestre, victoire, tu peux désormais entrer fièrement dans les boutiques de fringues pour gnomes, le ventre bien gonflé et pointant vers l’avant.
Les vendeuses se ruent sur toi, te demandent ta dpa (date prévue d’accouchement pour les non-initiées), t’interrogent sur le sexe du bébé, te proposent 14.000 fringues en taille 1 mois alors que ça servira à peine 8 jours (mais ça tu ne le sais pas encore, primi que tu es)…
Dans le métro, dans le bus, les gens te proposent leur siège (enfin certains hein, la politesse n’est pas le fort de tous), et toi toute gênée tu réponds « non, non, ça va merci », mais tu es tellement heureuse qu’on te l’ait proposé…
Tu portes la vie et tu es comme déifiée. Tu peux quasiment tout te permettre. Mon prof de philo disait d’ailleurs (Robert, si tu me lis) : « Vous les femmes, vous possédez le plus grand des pouvoirs, celui de donner la vie« . Et il n’avait pas tort (un Italien n’a jamais tort de toute façon).
On a beau se plaindre de tous les maux inhérents à la grossesse (nausées, vergetures, prise de poids, mal de dos…), on en redemande (des bébés, pas des douleurs hein) !
Redevenir maman
Une seconde grossesse, c’est un peu moins magique (déjà tu sais comment ça finit), mais c’est tout aussi émouvant. Et puis au fond, chaque grossesse est différente. Tu peux avoir une première grossesse pourrie et la suivante sera peut-être parfaite… Ou pas, et alors ? C’est un peu la loterie, de toute façon tu n’y peux rien, tu dois faire avec, et pis c’est tout !
Quoiqu’il en soit, une fois le gnome sorti de tes entrailles, tu oublies presque à quel point tu en as chié pour en arriver là. Seul compte alors le bonheur d’être maman ou à nouveau maman, le bonheur d’avoir un micro-gnome en parfaite santé.
Quid de l’instinct maternel
L’instinct maternel, ça ne vient pas d’un coup, dès la naissance. Faut pas rêver. Non, il faut le temps de faire connaissance avec son bébé, de se l’approprier.
En fait, c’est comme une relation amoureuse : au début il y a le coup de foudre, c’est comme une giclée d’hormones méga puissante qui fait que tu deviens complètement gaga, mièvre et niaiseuse (oui, oui, tout ça à la fois).
Puis vient le temps de la raison (et de la baisse d’hormones et du manque de sommeil). La passion redescend et laisse place à une relation amoureuse qui se construit tout doucement et qui s’épanouit comme un tournesol exposé plein sud.
Sans gnome…
Il y a des femmes qui ne veulent pas d’enfant. Et je respecte cela. Ce n’est pas la peine de se forcer pour faire « comme tout le monde » et de se retrouver maman à contre-coeur, ou pour de mauvaises raisons.
Surtout qu’il faut quand même un minimum de motivation pour être maman. Car avec un gnome, tu en prends pour 25 ans minimum (et même à perpét’ diront certaines). Je ne sais plus qui disait ça, mais j’ai trouvé la formule très juste : « je n’ai cessé d’être inquiète à partir du moment où je suis devenue maman ». Et c’est tout à fait vrai. Une maman a toujours au fond d’elle une pointe d’inquiétude pour ses gnomes.
Devenir maman, c’est entrer dans un nouveau monde. J’ai notamment compris pourquoi certaines mères étaient prêtes à tout endurer pour le bien-être de leur enfant. Car être maman, c’est aussi savoir faire des sacrifices, savoir faire passer les besoins de son gnome avant les siens.
L’autre jour il y avait un reportage à la télé qui montrait une maman de 4 enfants qui allait aux Restos du coeur pour les nourrir. Elle disait qu’avec son mari, il leur arrivait souvent de sauter des repas pour être sûrs que leurs enfants auraient suffisamment à manger. Ca m’a vraiment touchée. C’est ça aussi, être maman.
…Ou avec gnome(s) ?
Il y a des femmes qui à l’inverse, savent depuis toujours (ou presque) qu’elles auront des enfants. J’en fais partie. J’ai trouvé le mari et le père rêvé, et je me sens tellement épanouie avec mes deux gnomes. On a fondé notre foyer, notre petit cocon. On est bien tous ensemble, dans l’harmonie (et il y a encore de la place !).
Mais voilà, il y a les contraintes de la vie. Il faut penser boulot, logement, mode de garde, fric… Plein de choses matérielles qui trop souvent, polluent le désir d’enfant des femmes et déjà mamans. Et c’est bien dommage car, au fond, qu’y a-t-il de plus beau et de plus essentiel que de donner la vie ?
Très joli billet, tendre, émouvant, sérieux et drôle à la fois. Merci Christelle !