Tu en as pour 20 ans ma chérie

Ce matin, en emmenant les enfants à l’école, Poupette m’a dit : « aujourd’hui je vais à l’école, mais demain c’est fini, fini l’école ! » Alors je lui ai répondu qu’effectivement, demain c’est mercredi donc pas d’école, mais qu’ensuite il y avait le jeudi et le vendredi où là, elle devra retourner à l’école. Elle a fait la moue. Il faut dire qu’elle n’aime pas trop sa maîtresse, par contre elle adore l’ATSEM et c’est réciproque.

C’est dommage car l’année dernière elle aimait beaucoup la maîtresse et l’ATSEM de Choupi. Et Choupi aime les siennes, bref pas difficile le fiston. Et pourtant, j’aurais volontiers parié sur le contraire. Poupette super à l’aise, une vraie pipelette qui ne craint ni le danger ni la nouveauté, et Choupi qui est plus sur ses gardes, qui aime observer, analyser, avant de se jeter à l’eau.

Mais revenons-en à cette brave Poupette qui naïvement espère que chaque vendredi sera son dernier jour d’école. Un matin je lui ai balancé : « tu sais Poupette, sans vouloir te faire peur, tu en as pour une vingtaine d’années à l’école. » Silence. Elle me fait les gros yeux, m’annonce que ça va la faire pleurer. Puis elle continue à marcher. Evidemment, difficile pour une petite fille de 3 ans de comprendre ce que peut représenter 20 ans.

Je vous rassure, le début de journée est toujours un peu difficile car comme mes deux autres gnomes, elle a le sommeil lourd et on a fait un gros changement d’horaires. Maintenant, tout le monde se met au lit à 22h alors qu’avant d’être scolarisés, ils se couchaient tard comme nous et se levaient entre 11h et midi 30 ! Globalement ça se passe bien, ma Poupette adore me raconter ce qu’elle fait à l’école, tout comme Choupi. Mais je suis tellement curieuse que j’aimerais bien être une petite souris pour voir comment ça se passe de l’intérieur, comment ils se comportent, s’ils s’amusent dans la cour de récréation, si tout se passe bien pendant la gym, les répétitions de leur spectacle, etc.

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Moi je me souviens que c’est en entrant à l’école primaire que j’ai commencé à compter les années qui me restaient jusqu’au bac. 5 année d’école primaire, 4 années de collège (les pires années), puis 3 années de lycée (les meilleures années). Puis les études supérieures, les Masters, grandes écoles et j’en passe. 

Au fond, que retient-on de toutes ces années ? Quelques notions utiles, des méthodes de raisonnement, de la culture générale, des connaissances et du savoir-faire dans divers domaines… Mais surtout, on apprend à vivre en communauté, à se sociabiliser, à parler à d’autres êtres même si on n’en a pas envie. En tout cas moi, je l’ai ressenti comme ça. Mais j’admets volontiers que cela ne m’a pas complètement guérie de ma timidité, je suis toujours un peu sur la réserve et comme Choupi j’observe beaucoup ce qui se passe autour de moi avant de me lancer.

Par contre en matière de scolarité, je crois qu’on est tous pareils : on a nos profs préférés et ceux dont on se passerait bien… Car parfois, lire des livres et des manuels scolaires est au moins aussi intéressant que le discours mou d’un prof avachi sur son bureau qui ne pense qu’à une chose : prendre sa retraite avant qu’une nouvelle réforme ne tombe (ça me rappelle mon prof de finances publiques tiens).

J’ai eu des « profs coup de coeur » : ma prof d’anglais et mon prof de philo au lycée. J’ai eu des profs que j’aimais comme ma prof de français qui était probablement sous anti-dépresseurs vu son rythme de parole et ses absences régulières et prolongées. Je compatissais avec elle, et comme elle était fragile, certains en profitaient pour chahuter un peu, mais sa voix douce et molle n’arrivait pas à faire revenir le calme…

Notre vie peut parfois changer grâce à un enseignant. Mon prof de philo nous racontait des choses passionnantes, je buvais ses paroles, je lisais tous ses bouquins et ceux qu’ils conseillait, bref, je rêvais en secret de former le cercle des philosophes disparus avec d’autres amies (la fin tragique en moins). N’empêche que je n’ai pas fait des études de philo parce que après pour trouver du boulot, bonjour !

Ces 20 ans de scolarité sont de plus en plus agréables au fil du temps, comme un bon vin qui vieillirait lentement dans son tonneau. Les élèves gagnent en maturité, les mesquineries et la bêtise des collégiens disparaissent presque complètement au lycée. Et cerise sur le gâteau, on peut choisir sa filière et des cours en fonction de ses intérêts, ce qui est très motivant. 

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Mais n’oublions pas que même après une vingtaine d’années passées à l’école, on peut s’entendre dire : « mais vous n’avez aucune expérience professionnelle en rapport avec le poste mademoiselle, j’ai besoin de quelqu’un qui ait au moins 5 ans d’expérience« . C’est bien cela le souci de notre pays, des patrons qui veulent des gens expérimentés mais pas trop (car les seniors sont trop chers) ni trop peu (car former coûte de l’argent).

Le Mâle dit souvent que tout ce qu’il a appris à l’école des Mines ne lui sert quasiment à rien dans son boulot, et pourtant sans ce diplôme il n’aurait jamais été embauché. Est-ce qu’il n’y a pas là un problème ? En France, les diplômes prestigieux ouvrent toutes les portes : les consultants en recrutement privilégient ces hauts diplômes car ils se disent qu’il y a moins de risque pour que le candidat ne convienne pas et pour que l’employeur soit déçu. Le diplôme est devenu une sorte de caution comme lorsqu’on veut contracter un prêt ou louer un logement.

Est-ce qu’on ne devrait pas plutôt s’inspirer du modèle anglo-saxon, qui a un code du travail plus souple mais qui par conséquent permet aux patrons d’embaucher nettement plus facilement, sans trop se soucier des diplômes obtenus par les candidats ? Ne serait-ce pas une bonne idée que des employeurs donnent leur chance à des jeunes (ou moins jeunes) qui n’ont pas forcément fait les études adéquates pour candidater à un poste mais qui concrètement, auront les compétences requises, ou du moins seront à-même de les acquérir rapidement sur le terrain ? Lorsqu’on veut intégrer le monde de l’entreprise, il n’y a pas de meilleure école que… les entreprises. Logique, non ?

C’est pourquoi je prône depuis des années que les élèves fassent connaissance avec cet univers le plus tôt possible. Non un petit chef d’entreprise n’est pas un sale con qui aime torturer ses salariés et leur filer une paie minable. Il y a des gens bien et des gens moins bien, comme dans toute profession. J’ai l’impression qu’on diabolise les entrepreneurs en France, ou du moins qu’on ne les encourage pas. Quel dommage…

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  • thierrys76
    24/09/2013

    Hello article intéressant et qui en autre pose la question du modèle éducatif français….. quelle est la meilleure solutions pour nos enfants? je ne le sait pas, j’entends pas mal de parents qui râles mais pas pour leurs enfants , pour eux, c'est pire…. le modèle educatif anglos saxon est peut être celui que je trouve le mieux voir le moins pire mais bon…bises


  • maman est occupée
    24/09/2013

    Mon Grand m'a fait la même réflexion ce matin : "Je ne veux pas aller à l'école". Je lui ai répondu qu'il en avait malheureusement pour un bon moment encore et que, personnellement, j'y étais allée jusqu'à l'âge de 22 ans ! Il m'a regardé avec étonnement et un peu d'incrédulité, pourtant c'est la vérité.


  • Mary
    24/09/2013

    Ehhhh oui ! 20 ans…. Je me suis fait la même réflexion à la rentrée d'Emma . Quand son parrain, mon fils, lui a dit que lui aussi allait à l'école, elle ne l'a pas cru . Il a 23 ans et c'est sa dernière…. Après, on verra….
    Comment ça va Poupette à l'école ? Emma ça va : nous étions pourtant inquiets, elle est plutôt comme Alex <3


  • Lolly
    25/09/2013

    Mon loulou me dit tous les jours qu'il ne veut pas aller à l'ecole… Il pleurt tous les matins à la porte de l'ecole ! le pauvre il en a pour toute sa vie et il n'a que 4 ans.. On ne peut quand même pas déscolarisé un enfant à 4 ans, il vient seulement de rentrer dans le système, mais comment faire quand les profs s'en fiche et n'essaye pas de comprendre les enfants !

    Bon courage !

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